Comme promis je vous raconte aujourd’hui ma rencontre avec Mme L. dont j’ai changé l’initiale, résidente d’un EHPAD, avec qui le lien crée avait été fort et pour qui la socio-esthétique a pris tout son sens, pour elle mais aussi pour de nombreux résidents. Je lui rends hommage ce jour car malheureusement elle nous a soudainement quitté en fin d’année 2018. J’ai bien entendu été attristée par cette nouvelle.

On nous parle souvent de la juste distance, pour nous les socio-esthéticiennes mais aussi pour les personnels soignants. Mais travaillant avec l’humain, nous ne pouvons rester indifférents à certaines situations.

Alors voilà, j’étais en stage à cette période dans un EHPAD, c’était un jeudi après-midi, vers 16h lorsque je fais ma première rencontre avec Mme L. J’étais postée devant les ascenseurs à l’étage, assise avec d’autres résidents. A cette heure-ci certains aiment bien se rejoindre ici, à la sortie des activités pour discuter. C’était un bon moyen pour moi de les rencontrer et d’évaluer les personnes qui auraient besoin de soins socio-esthétiques.

La porte de l’ascenseur s’ouvre et Mme L. en sort. Je la salue, elle me salue. C’est une dame souriante, charismatique. Elle me demande qui je suis. Je lui explique donc et lui propose un massage des mains, comme ça, assises devant l’ascenseur. Elle refuse en me disant « Pff, pour quoi faire ? A quoi ça sert ? Non non je n’en veux pas ! »

Mme L. a 87 ans, se déplace en fauteuil roulant, elle a l’air d’être populaire dans l’EHPAD, discute avec de nombreuses personnes. Elle ne semble pas à priori souffrir de la solitude. Mais comment en être sûre ?

Je continue de discuter avec les 5/6 personnes dont Mme L. tout en lui disant que c’était dommage. A un moment donné je la relance, sentant qu’en discutant la confiance était amorcée. « Allez je vais vous faire un massage des mains et si vous n’aimez pas, on arrête, c’est juste pour découvrir ». Les autres résidents l’encouragent.

Dès que je commence le massage, le visage de Mme L. montre un grand étonnement : elle lève les sourcils et me dit :  » Oh mais ce n’est pas possible, mais c’est ça un massage ? Ça fait du bien ! « . Je n’en reste pas là bien évidemment. Voyant sa peau au niveau du visage sensible et déshydratée je lui propose un soin du visage qu’elle effectuera dès le lendemain.

Dans sa chambre elle me confie que depuis son entrée en EHPAD, elle n’applique plus de crème. Je la conseille donc. Elle m’apprend aussi qu’auparavant elle se maquillait mais ne le fait plus. Le soin du visage, comme le massage des mains est une révélation. Elle est ravie, me remercie sans cesse, elle en parlera toute la semaine aux résidents ainsi qu’à l’équipe médicale, et montrera sa peau pour qu’on la touche.

Suite à ces soins plusieurs résidents viendront me voir en me disant : « Je veux que vous me fassiez la même chose que Mme L. ».

DES DESIRS SE CREENT et ça c’est très positif.

Continuant le suivi de Mme L., j’effectuerai un peu plus tard une manucure mais surtout un maquillage pour lequel elle se prêtera même au jeu de photos avec grand enthousiasme. Elle me dit être très contente, à tel point que le lendemain je me rends compte qu’elle ne voulait pas l’enlever.

Ce maquillage a été un moment extraordinaire car chaque résident ou personnel soignant qui la rencontrait dans les différents espaces de l’EHPAD la complimentait, lui disait qu’elle était jolie. Tous les yeux étaient tournés vers elle de manière très positive. Ce soin avait engendré une belle communication et un élan de vie au sein de l’EHPAD.

Les soins avec Mme L., alors qu’ils étaient au dépars individuels ont crée un vrai lien social et c’est aussi ça LA SOCIO-ESTHETIQUE.

Mme L. était une personne extraordinaire, pleine de vie, souriante. Je suis ravie de l’avoir connue. Elle m’a apportée beaucoup de bonheur à prendre soin d’elle. Alors sincèrement : « Merci » !